
Les conseils d’Antoine
Cuvée Stevenson Rouge 2023

Cette cuvée est un assemblage complexe issue de nos parcelles les plus méridionales, terre argilo-calcaire clairsemée de gros cailloux graveleux. Cinsaults quadragénaires, Cabernets trentenaires et jeunes Grenaches donnent le meilleur d’eux-mêmes pour apporter souplesse et fraicheur.
Conseils de conservation
La Cuvée Stevenson Rouge, comme tout vin de caractère issu des hauteurs cévenoles, demande une conservation simple mais respectueuse, sans excès ni négligence. Avant ouverture, il faut l’allonger, couchée dans un endroit sombre, à température stable, entre 12 et 16°C. Une cave naturelle est idéale, mais un placard frais ou une cave à vin électrique fera l’affaire, tant qu’elle est à l’abri de la lumière directe et des variations brutales de chaleur. Il faut éviter absolument les pièces trop chaudes ou les endroits exposés aux vibrations – ce vin n’aime pas l’agitation, il préfère le calme, comme le marcheur auquel il rend hommage. Dans ces conditions, il peut se conserver plusieurs années, entre 5 et 8 ans selon le millésime, car sa structure tannique et sa concentration lui donnent un potentiel de garde honorable. Une fois ouvert, il peut tenir deux à trois jours si tu le refermes avec soin, à l’aide d’un bouchon hermétique, et que tu le stockes dans un endroit frais (le bac à légumes du frigo, par exemple, mais toujours en le laissant revenir à température ambiante avant de le servir). Si tu sens que les arômes commencent à s’éteindre, ne le jette pas : il pourra encore enrichir une sauce, un plat mijoté ou une marinade. Conserver ce vin, ce n’est pas simplement le garder, c’est prolonger un peu le silence de ses collines, et l’instant suspendu d’un paysage en bouteille.
Conseils de dégustation
La Cuvée Stevenson Rouge du Domaine de l’Ancien Prieuré se découvre comme un chapitre de carnet de voyage écrit à l’encre rouge et à l’encre noire, quelque part entre les Cévennes et le souvenir d’Écosse. Son nom évoque évidemment Robert Louis Stevenson, ce marcheur-écrivain qui traversa les Cévennes avec un âne et une âme pleine de silence. Ce rouge-là, issu de sols granitiques ou schisteux selon la parcelle, rassemble souvent des cépages comme la Syrah, le Grenache noir ou le Carignan, travaillés en agriculture biologique, avec peu d’intervention, pour laisser parler le terroir. On ne le boit pas vite. On l’ouvre une bonne demi-heure avant le premier verre, pour l’aider à sortir du silence. La température idéale se situe autour de 16°C : trop frais, il se referme comme un randonneur transi ; trop chaud, il devient paresseux et un peu bruyant. À l’œil, il présente une robe profonde mais vivante, souvent grenat, parfois bordée de reflets violacés. Le nez est un sentier en lui-même : fruits noirs mûrs, garrigue, un soupçon de poivre, parfois une note de cuir ou de feuille froissée – on y sent les pas sur les pierres, les feuillages caressés par le vent. En bouche, le vin est franc, droit, mais jamais rude. Les tanins sont présents mais polis, comme une poignée de main sincère. Il y a du fruit, de l’épice, parfois une fraîcheur inattendue qui rappelle l’altitude des terres cévenoles. Il ne cherche pas à impressionner par la puissance, mais à captiver par l’équilibre et la longueur. On l’imagine très bien avec des plats simples mais profonds : un civet de lentilles, une volaille rôtie aux herbes, un fromage de montagne affiné. Il ne cherche pas le luxe, il cherche l’authentique, comme Stevenson lui-même. Et si l’on veut aller plus loin, il suffit de boire une gorgée en silence, face à un paysage ou à un feu de cheminée : là, le vin parle.